Publication des premiers résultats de la Campagne Glyphosate !
Les premiers résultats de la Campagne glyphosate ont été analysés par le groupe scientifique. Ces résultats viennent d’être publiés dans une revue scientifique à comité de lecture, c’est à dire que des chercheur.es indépendant.es ont validé la méthodologie de l’étude.
Cette publication est importante pour appuyer la plainte. Le paiement de l’éditeur notamment pour que l’étude soit en accès libre, la traduction, et la conférence de presse ont coûté autour de 4000 €. Vous pouvez nous soutenir avec vos dons sur la page Helloasso de Campagne Glyphosate France.
Synthèse:
Des citoyens concernés par la question de la contamination par les pesticides et les risques pour la santé ont eu l’idée de faire rechercher le glyphosate (l’herbicide le plus utilisé, suspecté d’être cancérigène pour l’homme par les experts du CIRC de l’OMS), dans leurs urines. Tous se sont avérés contaminés. Ils ont alors créé l’association Campagne Glyphosate France à l’échelle de notre pays. L’un des objectifs, en ciblant le glyphosate, bien connu du grand public, en tant que marqueur des pesticides, était d’estimer les niveaux de contamination des citoyens par des pesticides. Un comité scientifique a été constitué avec des membres indépendants de la communauté scientifique et médicale pour conduire l’étude. Ainsi, entre juin 2018 et janvier 2020 une campagne de recherche de glyphosate dans les urines des citoyens a été organisée sur le territoire français par cette association. 175 séances de prélèvements ont permis d’analyser les urines de personnes provenant de 84 départements français, dont l’île de la Réunion. Au total, 6848 prélèvements ont été effectués sous contrôle d’huissier, puis analysés par le laboratoire allemand Biocheck. Les résultats de l’étude sont publiés dans la revue scientifique spécialisée Environmental Science and Pollution Research (ESPR).
Les résultats obtenus montrent une contamination générale, avec un taux de glyphosate quantifiable pour 99.8 % de la population française testée et un taux moyen de 1,19 ng/mL. Ces résultats pour la France sont en accord avec d’autres données d’études réalisées dans d’autres pays, en particulier européens (Knudsen 2017 ; Conolly 2018 ; Ferreira 2021)
Lors du prélèvement, chaque participant avait rempli un questionnaire afin de rechercher d’éventuels liens entre le niveau de contamination par le glyphosate et différents facteurs tels que les caractéristiques biologiques, les habitudes alimentaires, l’exposition professionnelle, le mode de vie, les saisons …
En résumé, nos résultats, publiés dans la revue Environmental Science and Pollution Research
1) confirment des résultats connus
– des taux plus forts chez les hommes, comme l’avaient déjà révélé d’autres études (Conrad, 2017), ainsi qu’une diminution du taux avec l’âge, phénomène déjà observé (Curwin, 2007 ; Fagan, 2020).
– des taux plus forts chez les agriculteurs, résultat établi depuis de nombreuses années (Acquavella, 2004 ; Curwin, 2007 ; Conolly, 2017, 2018 ; Perry, 2019).
– des taux plus faibles chez les personnes consommant essentiellement des produits de type bio ou autres labels, comme révélé par d’autres auteurs (Baudry, 2019 ; Fagan, 2020)
2) confirment des résultats suspectés
– parmi les agriculteurs, des taux plus forts chez les viticulteurs. L’utilisation intensive des pesticides dans les vignobles est connue (Agreste, 2020), mais on n’avait pas encore montré une contamination plus élevée chez les viticulteurs.
– des taux plus forts chez les fumeurs. Il est connu que le glyphosate est utilisé comme dessicant peu de temps avant la récolte du tabac, mais à notre connaissance aucune étude n’avait montré l’impact sur les fumeurs.
3) montrent des résultats nouveaux
– des taux plus forts au printemps et en été, ce qui conforte des études montrant le même phénomène à la surface d’eaux douces (Byer, 2008) ou d’eaux souterraines (McManus, 2014).
– des taux plus forts pour les consommateurs d’eau du robinet, de source naturelle ou de puits (ceci ne concerne pas l’eau en bouteille, qu’elle soit étiquetée eau de source ou eau minérale)
– des taux plus faibles chez les personnes consommant de l’eau filtrée
conclusion:
Nos résultats contribuent à la description d’une contamination généralisée au glyphosate de l’échantillon testé de la population française et soulèvent la question de la pérennité d’un usage très généralisé des herbicides à base de glyphosate, et plus généralement de tout autre pesticide.
Référence de l’article :
Titre : Quantifiable urine glyphosate levels detected in 99% of the French population, with higher values in men, in younger people, and in farmers
Auteurs : Daniel Grau, Nicole Grau, Quentin Gascuel, Christian Paroissin, Cécile Stratonovitch, Denis Lairon, Damien A. Devault, Julie Di Cristofaro
Journal : Environmental Science and Pollution Research (ESPR)
Article publié dans le journal scientifique Environmental Science and Pollution Research, le 12 Janvier 2022 :
J’ai des pesticides dans mes urines ! ET TOI ?
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La partie « prélèvements-analyses avec dépôts de plainte » s’achève,
mais la Campagne Glyphosate continue
Avec 6 848 analyses d’urine réalisées à ce jour, et plus 5 800 plaintes déjà déposées ou sur le point de l’être, la Campagne Glyphosate a déjà très largement atteint son premier objectif : montrer que toute la population est impactée par les pesticides, et qu’elle se préoccupe des dégâts causés par cette imprégnation.
Chaque plainte nécessitant un important travail administratif, à la fois pour notre cabinet d’avocats et pour le Pôle Santé Publique du Tribunal de Grande Instance de Paris qui assure l’instruction. Il ne nous a pas paru souhaitable de poursuivre la démarche des prélèvements au-delà des milliers de plaintes déjà déposées.
Les dernières analyses avec dépôt de plainte ont alors pris fin en janvier 2021.
Mais celles et ceux qui souhaitent se joindre à la Campagne et réaliser leurs analyses peuvent bien sûr le faire, sans plainte, individuellement. Pour les modalités, aller à la rubrique « rejoindre la campagne »
Les personnes souhaitant rejoindre la Campagne sans réaliser leurs analyses peuvent apporter leurs compétences, leurs témoignages, leurs idées, leurs dons (rappelons que la procédure judiciaire est longue et coûteuse). Toutes les contributions permettant d’étayer la plainte ainsi que la médiatisation de la Campagne seront les bienvenues.